10 sept. 2023 - Championnat de France - WhoIsWho

Who’s who : Thierry Courtin « Rendre au sport ce qu’il m’a offert »

Championnats de France 2023 WS, DA, VR & PAV et Challenge Handi-Fly

Thierry Courtin a suivi une carrière militaire, puis il est devenu juge pour rendre au parachutisme ce qu’il lui avait généreusement donné. Il est aujourd’hui membre du comité directeur au sein de la Fédération Française de Parachutisme. Il a aussi été chef de délégation, désigné par le Comité Directeur, à Eloy en 2022. Président de France Parachutisme, il oeuvre depuis des mois, aux côtés de Patrice Girardin, sur l’organisation des championnats de France Disciplines Artistiques, Wingsuit, Vol relatif, Précision d’Atterrissage/Voltige et du “Challenge Handifly de la ville de Tallard” 2023, à Gap-Tallard. Retour sur son parcours complet dans ce portrait.

Son parcours

Thierry Courtin débute le parachutisme à l’âge de 17 ans. Après avoir quitté l’école par manque d’intérêt, et n’ayant pas envie de perdre une année, Thierry décide de devancer l’appel et s’engage pour réaliser son service militaire. En 1978, il débute ainsi une préparation militaire, avec la ferme intention de « faire quelque chose d’intéressant, saisir les opportunités et intégrer les para », note-t-il. Il saute pour la première fois en octobre 1978, en automatique, d’un Transall, à Borgo (2A), au sein de la Légion Etrangère. Pour le clin d’œil, Yves-Marie Guillaud, Président actuel de la FFP a vécu le même saut, au même endroit, à quelques mois d’intervalle. Le lieu était-il prémonitoire ? 😉  

Dès ce premier saut, la passion s’est révélée. Thierry découvre l’alliance des sensations, du challenge, de l’adrénaline, du vol : tout est réuni ! Tel un oiseau sous voile, dès son atterrissage, il souhaite s’élancer à nouveau dans les airs. « Il le fallait. Je devais recommencer le plus vite possible ! »

Sa carrière de militaire est lancée et il intègre le 13ème régiment Dragon Parachutiste. Après plus de 10 ans à observer les parachutistes faire de la chute libre, il va commencer le parachutisme sportif à son tour, en 1986. En 1989, Thierry quitte la Lorraine, et est muté à Gap (05), site reconnu au niveau parasportif, où il intègre le 4ème Régiment de Chasseurs. Il continue à pratiquer et s’inscrit au CERPS de Tallard. Pourtant, pendant quelques temps, il reste contraint de ranger le para par manque de budget, à regret.

Le début de la pratique en compétition

Comme beaucoup, pour Thierry, la compétition commence par une envie vorace de s’amuser et de profiter pleinement du saut d’avion.
Il débute la compétition au sein d’une petite équipe militaire de Vol Relatif, sponsorisée par le 4ème Régiment de Chasseurs. « Grâce à une invitation de l’EIS, Ecole Interarmées des Sports, nous avons participé à notre premier Championnat de France, en 1995 ».
Et notre néo-compétiteur de revenir avec fierté sur ce premier résultat : « A la surprise générale, et surtout la nôtre, nous avons fini 3ème ! ».

Ce podium donne des ailes à l’équipe, qui poursuit avec un nouveau championnat militaire en 1997. Les coéquipiers vont remporter les championnats nationaux de l’Armée de Terre qui regroupe toutes les équipes liées à ce corps d’armée. En parallèle, ils concourent en Nationale 2, et obtiennent leur meilleur résultat : 4ème au classement général. En 1999, ils signent leur dernier Championnat de France militaire à Agen (47).

Aujourd’hui, Thierry évoque ses souvenirs de compétiteur avec nostalgie, ….. et n’a pas renoncé à sauter de nouveau en compétition. Appel aux candidats pour former une équipe ? 

Une implication grandissante

En 1991, Thierry avait déjà souhaité consolider et structurer sa pratique, en passant un Brevet d’Etat. Il a malheureusement dû mettre fin à cette formation pour raisons professionnelles. Il obtient toutefois le Monitorat Fédéral et la qualification Initiateur VR cette même année. A cette époque, il tenait déjà à s’investir davantage au sein de l’organisation sportive. Une volonté qui sera exhaussée lorsque le CERPS (Centre Ecole Régional de Parachutisme Sportif) lui propose de s’impliquer dans ses décisions. Il rejoint donc le Comité Directeur du CERPS, en qualité de trésorier puis de secrétaire, un poste qu’il occupera jusqu’en 1999.

Une seconde carrière comme juge

Il quitte le service actif en 2000 et arrête la compétition par la même occasion. L’arrêt de la pratique décuple l’engagement pour ce passionné : « Je voulais rester au contact de la jeunesse et de ce sport qui m’avait tout donné ! ». Thierry va alors entamer une carrière de juge et obtient une qualification nationale. En 2004, il est qualifié par la FAI, Fédération Aéronautique Internationale, pour les Championnats du monde Vol Relatif et Disciplines Artistiques, à Rijeka, en Croatie. « J’ai, par la suite, eu l’immense plaisir et la joie d’être sélectionné à tous les championnats du Monde et les Coupes du monde » raconte Thierry Courtin.

Les championnats vont dès lors s’enchainer. En 2006, pour le Championnat du Monde à Gera, en Allemagne, sur suggestion de la chef juge, Thierry devient juge des épreuves, successivement, en 2015 et 2016. Il est donc responsable d’un collectif de juges en Hollande et à Chicago. En tant que chef juge, il a désormais l’opportunité de communiquer ses disponibilités pour l’année à venir, pour être, ensuite, sélectionné par dates, et choisir la constitution de son équipe. En 2008 ou 2009, il avait refusé d’être chef juge, par appréhension de son niveau d’anglais. Il acceptera finalement cette position en 2018, au Bahreïn, en 2019 à Eloy, en Arizona.

Côté règles internationales, la Fédération impose une limite à deux années consécutives, maximum, en tant que chef juge, afin de garantir une rotation des effectifs. Depuis très récemment, chaque juge doit prendre dans le collège un jeune juge sous son aile pour assurer sa formation. Les nouveaux juges intègrent par la suite le circuit et doivent faire leurs preuves à différentes échelles.

Ce rôle requiert neutralité, sérieux et rigueur. Thierry évoque ces responsabilités avec humilité : « Être juge lors de compétitions, qu’elles soient nationales ou internationales, représente pour moi une grande satisfaction ! J’essaye de faire de mon mieux, en toute impartialité. Les équipes de France le savent bien : je ne leur fais aucun cadeau, aucune faveur ».

Regard sur l’avenir du parachutisme, par le prisme du jugement et de la compétition

Thierry expose une vision inquiète sur l’avenir du jugement français : « Globalement, la qualité des juges baisse, notamment par manque d’intérêt des plus jeunes. J’aimerais rappeler qu’il n’est pas forcément besoin d’avoir été compétiteur pour être juge, même si cela aide à la compréhension et à l’appréhension des disciplines en épreuves. Parmi les causes possibles de ce désintérêt, le bénévolat et ses limites sont peut-être à remettre en question. Si, au niveau international, l’attrait du voyage permet de motiver, au niveau français, ce n’est pas suffisant.»

Une crainte partagée par beaucoup voire généralisée sur l’avenir du sport et la poursuite de la compétition. Thierry décrit cette désertion des compétitions : « Aujourd’hui, à l’approche des compétitions, les inscriptions tardent. On est toujours inquiet quand on réalise que l’on ne pourrait pas faire de classement si l’on n’atteint pas les minima requis par les règlements ».  La crise de la Covid 19 a aussi accentué ces dynamiques, avec une baisse significative des licences. Ce qui amène Thierry à conclure qu’«il nous faut revenir à l’essence du sport ! »

Allier une carrière et ses engagements sportifs

Thierry a arrêté de sauter en 2001, suite à des problèmes médicaux, et sur conseil de son médecin. Une suspension qu’il regrette, mais qui ne l’empêche pas de pratiquer en soufflerie pour renouer avec les sensations et le plaisir de la chute libre. Concilier une carrière professionnelle et sportive a été relativement aisé pour lui. Etant militaire, il avait vraiment pu concilier carrières professionnelles et sportives. « J’ai l’immense joie d’être retraité militaire. Donc, très tôt, j’ai pu me consacrer au sport entièrement. Une fois dans le civil, j’ai travaillé dans le secteur du tourisme. J’ai toujours pu m’arranger avec mon employeur quant aux congés ou disponibilités. Cette double casquette a une incidence sur les vacances et la vie personnelle, bien sûr. Il faut trouver un compromis qui fonctionne pour tous ! » résume Thierry Courtin.

France Parachutisme

France Parachutisme est une association créée par Patrice Girardin, membre de la Direction Technique Nationale de la Fédération Française de Parachutisme. Il s’agit d’une structure fermée, réservée aux athlètes de haut niveau. Au départ, l’idée était d’aider et de soutenir les équipes de France qui s’entrainent sur Gap-Tallard, grâce aux subventions Jeunesse et Sport. Désormais, l’association a évolué vers la formation des cadres et des BPJEPS : en parachute ou non para. Les infrastructures de France Parachutisme sont également mises à disposition de la FFP pour accueillir des stagiaires par exemple. L’aide aux équipes de France se matérialise par l’achat de tablettes, de matériel vidéos ou autre. « On ne peut pas les aider autant qu’on le voudrait mais nous faisons le maximum » affirme Thierry Courtin qui en est le président.

Habitant sur place et fort d’une expérience riche dans le milieu para, Thierry a pris la présidence de France Parachutisme depuis 2021. Si les statuts prévoient président, trésorière et secrétaire, il est aussi prévu que la FFP puisse élire un membre de confiance au sein du Comité Directeur. Ces derniers sont uniquement des cadres d’état et sportifs de haut niveau. Parmi les professeurs de sport, on retrouve Franck Mahut et Patrice Girardin. Et, parmi les Sportifs de Haut Niveau : Magali Belgodere, Stephanie Texier ou, encore, Eric Philippe.

Zoom sur les championnats de France à Gap-Tallard

L’idée d’un championnat multi-disciplines à Gap-Tallard avait germé dans l’esprit de Patrice Girardin depuis quelques temps. Son idée était de permettre au parachutisme de refaire surface « comme avant » : faire revivre à la plateforme les heures de gloire qu’elle a connues. Renouer avec la compétition et avec le para sportif sur une plateforme aux conditions idéales était un défi. Le soutien du département des Hautes-Alpes et de la ville de Tallard ont grandement facilité l’organisation. Les structures sur place (CERPS, Baulip Sports, On’air, Skydiver Center,) ont aussi été d’une aide précieuse. Les équipes ont pu prendre appui sur leurs connaissances techniques et leurs cadres. Sans leurs infrastructures utilisées pour les briefings, la technique, leurs avions et espaces, une telle compétition n’aurait pu voir le jour. 

Les trois podiums seront répartis dans 3 lieux différents, en exploitant efficacement les ressources disponibles, notamment les simulateurs de vol. « Pour le challenge Handifly de Gap-Tallard, nous avons sélectionné Skydive Center pour la remise des médailles, au plus proche de la compétition, pour éviter de trop longs trajets aux personnes à mobilité réduite » évoque t-il.

L’organisation est prise en charge par Thierry Courtin et Patrice Girardin. Si pour Thierry une implication aussi avancée dans la mise en œuvre d’une compétition est une première, Patrice, lui, n’en est pas à son coup d’essai. Ce dernier, mandaté par le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, officie comme directeur du pôle France en remplacement de Christian Lubbe. Très aguerri dans l’organisation, il gèrera la coordination avec les autorités locales, les avions et la technique. Thierry, pour sa part, s’occupera du jugement, de la sonorisation, des espaces de vie. A trois semaines de la compétition, Thierry fait état de l’avancée de ce projet fédérateur : « Cela fonctionne bien ! Entre nous et dans l’organisation globale. Nous sommes chacun responsables d’un pôle. Nous échangeons très régulièrement pour avancer, dans une ambiance sereine. C’est une machine bien huilée et la  dernière ligne droite. Alors croisons les doigts ! ».

Conditions et contexte pour la compétition

La drop zone de Gap-Tallard est un lieu emblématique, où s’est tenu, en 1995, un Championnat du Monde. Au fil des années, ont été accueillis beaucoup de meetings aériens, mais très peu de compétitions parachutistes. Le challenge est d’autant plus beau qu’il pourrait remettre Gap-Tallard sur le devant de la scène avec cette compétition nationale. La désertion de cette plateforme a, il y a quelques décennies, été liée à une restructuration militaire. Les athlètes ont été réaffectés ; les entrainements n’y ont plus été réalisés. Techniquement, le CERPS refuse également des largages à 2000 mètres d’altitude. Des aérodromes étrangers sont montés en puissance, avec des propositions plus intéressantes. D’autres structures également, souvent privées, ont proposé un volume de sauts supérieur à un prix équivalent Le choix des entraineurs nationaux étant forcément raisonné à l’aune de paramètres budgétaires et techniques, les équipes de France sont également allées s’entrainer ailleurs. Seule la Précision d’Atterrissage/Voltige, sous l’influence et la dynamique de Jacques Baal, s’entraine encore à Gap.

Ce championnat devrait se tenir sous des conditions idéales pour permettre aux athlètes de performer sereinement car le site n’est pas traversé par des couloirs aériens et il bénéficie d’un excellent taux d’ensoleillement. Au-delà des enjeux sportifs, un enjeu sociétal s’immisce dans la démarche, comme sur d’autres territoires : lever les a priori sur la pratique du parachutisme et prouver aux riverains que la compétition n’est pas plus dérangeante que d’autres.

Là où l’acceptation approche, la passion demeure

Avec pudeur, Thierry Courtin évoque ce retrait du jugement dont il sait qu’il s’’annoncera un jour. « J’espère pouvoir continuer à juger encore quelques années. J’ai toujours été d’avis qu’il faut savoir s’arrêter. Je ne me suis pas fixé de limite d’âge pour l’instant ». Il note avec humour : « Je ne suis pas dans les plus mauvais, donc je vais continuer encore. Le plus dur, je pense, sera de pouvoir se dire je ne suis plus assez bon. J’espère avoir la présence d’esprit d’admettre que je n’aurai plus les capacités à juger dans les meilleures conditions. Il faut arrêter à temps malgré la passion !».

Membre du comité directeur au sein de la FFP, il a été désigné par le Comité Directeur en tant que chef de délégation, lors des mondiaux 2022, à Eloy, aux Etats-Unis. Sa mission ? Accompagner, suivre et soutenir les équipes, porter une réclamation au besoin, être le garant du règlement. Le tout, en anglais bien sûr, comme pour tous les rendez-vous internationaux. « J’ai été ravi de remplir cette mission, et les gens ont été ravis du travail que j’ai fait. J’ai essayé d’aider les équipes de France. J’ai profité de l’occasion, assez unique, qui m’était offerte, de pouvoir le faire officiellement et sans retenue ; avec sérieux et honneur » conclue celui qui entend continuer à marier plaisir et engagement.

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