Chaque mois, la Fédération Française de Parachutisme (FFP) met en avant ses différents acteurs. Domitille Kiger, en sa qualité d’élue, présidente de la commission soufflerie, est l’un des artisans du dynamisme de la Fédération. Elle a acquis une solide expertise, au fil des ans, au travers de son parcours en tant que compétitrice, championne du monde, coach international, instructrice CQP, organisatrice d’évènements, et associée dans une soufflerie. « Aujourd’hui, mon rôle au sein du comité directeur est une façon de rendre à mon sport ce qu’il m’a apporté […] » exprime Domitille Kiger.
Après avoir commencé en tandem en 2000, à l’âge de 15 ans, Domitille Kiger fait sa PAC en 2001. Elle pratique ensuite le parachutisme comme loisir, en parallèle de ses études, de 2001 à 2008. À partir de 2008, elle débute la compétition et va même gagner, avec son équipe KRISTAL, les championnats de France et la coupe de France en N2 avec Nicolas Goutin et Antoine Mainka. Suite à cette distinction, les trois compétiteurs sont sélectionnés par Philippe Schorno, entraîneur national au sein de la Fédération Française de Parachutisme, pour intégrer l’équipe de France Espoir de freefly. À cette époque, un cycle s’achevait. BABYLON venait de gagner les championnats du Monde à Maubeuge (59) et la seconde équipe de France, AMNESIA, avait réalisé une 4e place. Or, ces deux équipes arrêtaient leur parcours de haut niveau dans la discipline. « On s’est donc retrouvés, finalement, plus en équipe de France qu’en équipe Espoir, vu qu’il n’y avait plus personne à part OSMOSE, déjà en équipe espoir depuis une saison », évoque Domitille avec son sourire habituel. En 2009, Matthew Hill remplace Antoine Mainka dans l’équipe. De2009 à 2012, les trois compétiteurs évoluent donc en équipe de France et remportent de nombreux titres : champions de France, champions d’Europe, puis champions du monde.
Après un dernier titre mondial, à Dubaï, en décembre 2012, Domitille arrête la pratique du freefly en compétition. Elle se lance alors dans un nouveau projet d’équipe, en soufflerie cette fois. La discipline Dynamic en était à ses prémices. Avec le collectif féminin Joy Rider, formé par des compétitrices venues du monde entier, elle monte la première équipe entièrement féminine de cette jeune discipline. Parallèlement, elle s’investit dans ce nouveau format, dans lequel elle met son énergie et son enthousiasme tout autant que ses compétences sportives. En 2013, elle rejoint d’autres pratiquants impliqués dans le développement du dynamic. Le groupe s’organise d’abord de manière indépendante, en organisant ses propres compétitions, bousculant les formats traditionnels. Ils apportent compétition et jugement en live et le développement de nouveaux formats, avec, notamment, l’apparition du tournoi, plutôt qu’une série de manches qui se succèdent comme cela est pratiqué en sauts d’avion. Ils sont d’abord soutenus par Boris Nebe, patron d’ISG,qui perçoit la palette d’opportunités qui s’ouvre et leur offre un écrin pour tester et développer la démarche, avec l’organisation de la première compétition à Bottrop, en décembre 2012.
En 2014, les premiers championnats du monde en soufflerie ont ensuite lieu. Organisés par la Fédération Aéronautique Internationale, à Austin, au Texas (Etats-Unis), ils réunissent malheureusement peu de participants. Pour cette compétition, les règlements classiques pour les sauts d’avion avaient été transférés quasiment à l’identique pour le tunnel. Ce n’était pas adapté et ne correspondait pas vraiment à la réalité de la pratique, en particulier pour l’artistique. « Nous avons ensuite été approchés par la FAI qui nous a demandé de participer à l’évolution de la discipline et à son adaptation. Cela faisait près de 4 ans que nous organisions des compétitions de notre côté et cette expertise leur paraissait pertinente ». Domitille a donc endossé le rôle de passerelle entre la FAI et la communauté. Et, quand on la connait, on sait qu’elle ne pouvait que prendre ce rôle très à cœur. « C’est comme ça que je suis rentrée à la CIP (Commission Internationale du Parachutisme) pour la première fois, en 2017, au Portugal, sous l’invitation de Ron Miasnikov, une juge israélienne » explique-t-elle. Envoyé comme « observatrice officielle » par la FFP, elle intègre d’abord la Commission artistique, puis l’année d’après la Commission indoor. Désormais, elle occupe toujours cette place, mais elle a quitté la commission artistique car une commission indépendante, spécifique au dynamic, a été créée. Au début, il ne s’agissait que d’un groupe de travail puis « après avoir fait nos preuves nous sommes devenus une commission à part entière ».
Depuis 2022, Domitille représente la France à la CIP en qualité de déléguée adjointe. L’année prochaine, elle prendra le poste de déléguée, épaulée par Patrice GIRARDIN. Elle acquiert davantage de responsabilités, après avoir été bénévole depuis 2017 au niveau international, et en France, depuis 2021, sous la présidence d’Yves-Marie Guillaud. Elle s’occupe principalement du volet soufflerie, un sujet qui la passionne. Son engagement a encore été amplifié, depuis 2020, avec l’ouverture de la soufflerie située à Chasseneuil-du-Poitou (86) où elle est associée. Pour la création de zerOGravity, son expertise de pratiquante, de compétitrice, d’organisatrice d’évènements et de coach a contribué à la création d’un espace idéal pour la pratique sportive, volet pour lequel elle continue de contribuer dans l’exploitation de la soufflerie. Elle s’est notamment fortement impliquée dans l’organisation des journées test sélectives du HandiflyRACE, en novembre 2021, des championnats de France Artistiques et du OG Challenge VRV, en mars 2022.
Au sein de la FFP, elle est donc à la tête de la commission soufflerie. « Au travers de la commission soufflerie de notre mandature, j’ai d’abord voulu rétablir le dialogue entre les opérateurs de soufflerie d’un côté, et la Fédération de l’autre. Celui-ci avait très mal commencé ; il avait même été jusqu’à disparaitre… Il fallait avant tout renouer des liens, puis, faire en sorte que les professionnels, avec leur connaissance intrinsèque et personnelle du milieu, puissent avoir leur mot à dire. Ce sont eux qui ont les mains dans le cambouis tous les jours. Ils connaissent les spécificités de la soufflerie. Il était important qu’ils soient impliqués dans les décisions politiques qui les concernent. Une très belle idée, bien que, dans les faits, cela ne s’avère pas toujours simple compte-tenu des contraintes subies par la FFP elle-même ». La Fédération n’est, en effet, qu’une instance délégataire, le cadre du sport en France étant très complexe, avec parfois des illogismes. Cependant, malgré ces difficultés, Domitille en est convaincue : « il fallait se parler. C’est dans l’échange que l’on avance dans la vie, en général ! J’ai pensé que j’avais un rôle à jouer. Mon parcours, couplé à la facilité que j’ai pour m’exprimer poliment et faciliter le dialogue, sont de réels atouts. Mes connaissances de la soufflerie [en tant que coach international, instructrice CQP, organisatrice d’évènements, compétitrice et associée dans une soufflerie] me permettent d’avoir une compréhension relativement globale du sujet, même s’il n’est pas absolument complet. Le réseau, construit au fil des années, est aussi très important pour faire avancer tous les sujets que nous abordons ».
Domitille a accepté cette mandature avec le souhait de se confronter à la réalité et aux contraintes du cadre dans lequel notre sport s’exerce en France, et inciter tout le monde à participer à ce débat objectif. « Yves-Marie GUILLAUD, le Président, me laisse agir avec la liberté d’assembler qui je voulais, de lancer les sujets de mon choix. Il m’a aidée à les défendre. J’ai toujours été soutenue par le bureau directeur. Quand il m’a abordée pour la première fois, il avait la volonté de s’entourer de personnes ayant une expertise de terrain et de les placer à une position susceptible de faire évoluer les choses. C’est l’un des éléments qui m’a convaincue de le rejoindre dans cette aventure. Il a été fidèle à sa parole et je ne regrette pas mon engagement, même si cela représente beaucoup de travail et que cela n’est pas toujours facile ».
La commission soufflerie réunit environ 10 personnes : experts, DTN, élus. Le nombre peut être fluctuant car tous n’interviennent pas sur tous les sujets. Elle est composée de :
- Elus : Thierry Courtin et Domitille Kiger
- DTN : Sophie Boulongne, Jean Michel Poulet, Jérôme David, Philippe Schorno selon les thématiques abordées
- Exploitants / Représentants de soufflerie : Yves Négrié, Sébastien Bermond, Cyrielle Digonnet, Bruno Perrin, Francoise Simond
Huit réunions ont eu lieu pour l’instant. La commission se réunit tous les 2 mois environ, en visio-conférence. Lors de la première réunion, la parole a été laissée à chacun afin de déterminer des axes de travail. « Ensuite, nous avons pu travailler en détail sur les points abordés. L’un des gros chantiers de 2021 a été l’organisation du congrès des souffleries, qui s’est tenu le 09 mai 2022, et dont l’objectif était de réunir l’ensemble des exploitants autour d’aspects concrets :
- Expliquer à tous les contraintes et le cadre fédéral et présenter le projet d’agrément de la FFP
- Réaliser un tour de table afin de recueillir les problématiques et réclamations éventuelles des souffleries. Cela a permis, notamment, de faire remonter un sentiment de mépris ressenti à l’égard des « petites » souffleries, et des difficultés spécifiques qu’elle rencontre notamment face à la formation.
- Echanger autour des notions de formation et de manque de personnel. Aujourd’hui, la lourdeur des formations et le coût représentent un énorme frein à l’employabilité. Le Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) vient juste d’être modifié et ne peut être ajourné pour les 3 années à venir. La situation est donc bloquée pour le moment. En revanche, la commission a créé un document pour répondre à ce besoin, qui détaille les nombreuses possibilités souvent méconnues permettant une partie de la formation dans les souffleries non-OF. Pour les petites structures notamment, c’est très aidant. Au final près de 70% de la formation peut s’y dérouler en respectant certaines règles ».
Le comité prépare des réunions de formateurs. Ces échanges permettront d’harmoniser les pratiques et de partager les connaissances. A l’automne 2022, une réunion des responsables de formation est prévue. L’objectif sera de préparer une rencontre ultérieure, en janvier 2023, qui réunira tous les acteurs de formations (responsable de formation, formateurs, tuteurs, des OF actuels et des établissements aspirant à le devenir) pour concrétiser les actions. Cette réunion générale devrait ensuite devenir annuelle, dans une logique d’intelligence collective et de partage.
La PAC soufflée a également été abordée, mais cela reste un chantier en cours : « Nous voulons proposer des contenus de formations à destination des moniteurs de soufflerie principalement. Pour la plupart, ils n’ont pas les deux casquettes, il est donc important de leur apporter davantage d’informations et de théorie sur les besoins spécifiques d’un élève PAC, qui ne sont pas les mêmes que ceux d’un client baptême soufflerie.
L’intégration des personnes en situation de handicap est aussi un sujet majeur. Après le HandiflyRACE, la Fédération réfléchit désormais à pérenniser et organiser les compétitions, à l’échelle nationale et internationale, et partager les bonnes pratiques.
Autour des compétitions, de nouvelles dynamiques entrent en jeu. Notamment un changement structurel : si jusqu’à présent les souffleries devaient postuler un appel d ‘offres en fin d’année, sur une date prédéterminée par la FFP, désormais, elles peuvent choisir les dates de compétition en répondant à l’appel d’offres. C’est un détail, mais il était important pour les exploitants de souffleries.
Domitille estime que son engagement est sa quote-part logique. En quelque sorte, elle rend ce qu’on lui a donné : « en m’ouvrant les portes du haut niveau, la FFP a changé ma vie. Je suis très reconnaissante de ce que cela m’a apporté » exprime-t-elle, avec gratitude. « Aujourd’hui, mon rôle au sein du comité directeur est une façon de rendre à mon sport ce qu’il m’a apporté. Il faudra du temps pour faire un premier bilan, mais le dialogue a déjà été renoué. C’est plaisant de voir que l’on impulse une dynamique nouvelle ! J’espère que ce dialogue permettra un développement plus harmonieux et plus en lien avec les réalités de la pratique, pour le bien du sport et sa découverte auprès du grand public ».
NB : Si vous n’avez pas pu participer au congrès des souffleries, demandez le compte rendu à l’adresse mail suivante : domitillekiger@gmail.com
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