La chute libre est habituellement réservée à ceux qui sautent d’avion. Depuis l’avènement des souffleries en salle, la discipline se développe pour le plus grand nombre. La fédération française de parachutisme vient de lancer une compétition pour handicapés.

FUTUROSCOPE Dans la veine de Zérogravity, les compétiteurs enchaînent les figures imposées. Arrivés en fauteuil jusqu’à la porte de l’immense tube dans lequel s’engouffre l’air simulant une chute libre, les sportifs handicapés semblent soudain plus libres de leurs mouvements. C’est d’ailleurs un peu vrai.

Ce mardi 30 novembre, la fédération française de parachutisme organisait la première compétition en grandeur réelle, pour sportifs handicapés, d’un nouveau type.

Les choses remontent à 2012 avec de la chute libre pour handicapés. « La France expérimente la compétition pour handicapés en tandem » explique Jérôme, coordinateur handifly à la fédération française de parachutisme (FFP), lui-même multi médaillé au niveau mondial chez les valides. Il assure à la FFP le développement du parachutisme pour handicapés. En 2016, avait lieu la première compétition mondiale sur cette modalité.

Rapidement, l’idée mûrie d’organiser des compétitions dans des souffleries, installations fixes qui se développent depuis quelques années. « Avec le soutien de l’Union européenne, dans le cadre d’Erasmus + sport, dans son volet organisation de manifestations à but non lucratif et inclusion sociale, nous montons le même type de compétition, mais en soufflerie pour développer les compétitions » assure le coordinateur national. « Il s’agissait aussi de développer une pratique de découverte pour les non-compétiteurs, avec des vols gratuits ».

Les quatre premiers du classement experts. Rémi Boullé, le second à partir de la droite arrive premier. Daniel BIRON

Les avantages d’organiser ces compétitions en salle sont multiples. « En soufflerie, c’est plus facile et moins onéreux que l’avion ». On peut s’extraire de la météo, et évidemment c’est moins polluant, ce qui permet de faire des compétitions à n’importe quel moment. Et puis, ce qui ne gâte rien, dans la plupart des souffleries, les spectateurs peuvent se retrouver au niveau des compétiteurs, ce qui n’est pas le cas en extérieur en avion.

En tout état de cause, depuis 2020, Jérôme David prépare la compétition à tous les niveaux. « Cette compétition du 30 novembre est l’aboutissement d’un an et demi de travail » indique-t-il. Il a fallu définir les conditions médicales, la procédure de classification afin d’attribuer à chaque compétiteur en fonction de son handicap, un coefficient de 0 à 1, qui permet ensuite de l’appliquer au temps de parcours et ainsi de réaliser le classement de chaque épreuve. La complexité tient dans le fait que pour des handicaps semblant identiques, la mobilité dans l’air n’est pas la même. C’est ce qui a amené les classificateurs à travailler au bord de la veine, à améliorer leur système de classification.

Par ailleurs, aussi bien la préparation que la compétition de novembre dernier ont validé le format des épreuves handifly. « Il s’agit d’un parcours à réaliser le plus rapidement possible en temps, avec quatre points de contact à toucher dans l’ordre ».

Ce projet, financé à 80 % par l’Union européenne, débouchera l’an prochain sur une compétition mondiale qui se tiendra en France à iFly Aix-Marseille. « Je recrute un plateau de 50 compétiteurs du monde entier » assure Jérôme David. Sept pays européens déjà engagés dans le projet ont inscrit cinq sportifs chacun. Il reste à trouver dans le reste du monde une vingtaine de sportifs, ce qui ne devrait pas être trop difficile. Au-delà de ces compétitions, qui pour le coordinateur national de la FFP devraient s’inscrire dans l’olympisme, l’enjeu est également de donner accès au plus grand nombre de handicapés à cette discipline, hors compétition.

Pour Fabrice Crouzet, le propriétaire de ZéroGravity sur la Technopole du Futuroscope, cette compétition est une aubaine pour faire connaître son outil, destiné aux loisirs, mais également aux compétitions. Le choix de cette installation pour la phase de validation des épreuves mondiales pour sportifs handicapés tient à la technologie haute vitesse de ZéroGravity. « Il n’y a pratiquement pas de bruit, ce qui donne un confort exceptionnel pour les spectateurs » assure Fabrice Crouzet. Par ailleurs, il le confirme, pour des épreuves similaires, « la soufflerie est 120 fois moins polluante que l’avion. La FFP a bien vu le côté pratique et confortable de notre site pour des compétitions ». C’est donc assez naturellement que Fabrice Crouzet a déposé un dossier d’inscription pour participer au championnat de France de 2023.

Les compétiteurs ont quatre points à toucher dans le tunnel de la soufflerie. Daniel BIRON

En attendant cette date, les quinze participants à cette première épreuve de qualification ont pu tester le format des épreuves dans une ambiance que tout le monde a appréciée.

En catégorie Experts, c’est Rémy Boullé, ancien parachutiste militaire, qui est arrivé premier. Il est suivi par Cyril Moré, Christophe Bertillon, Cyrille Chahboune, Claire Duverger.

En catégorie Novices, Yann Nouard est arrivé premier, suivi de Loîc Thomazet, Anaëlle Le Blevec, Jean-Michel Picarda, Véronique Prouteau, Christophe Caron, Damien Demiautte, et Aurélie Roisin.

La plupart des compétiteurs pratiquent également d’autres sports, parfois aux jeux paralympiques et le handifly en tunnel de soufflerie est une manière de développer leurs capacités ou de découvrir une nouvelle discipline.