31 Aug 2022 - Actualités

Boogie de Nancy et autres boogies

Nancy is boogie – 2022

Boogie de Nancy, boogie d’ailleurs, au fond qu’est-ce qu’un boogie ? Yves-Marie Guillaud, président de la Fédération Française de Parachutisme avait tenté de répondre à cette question dans un article paru dans la revue ParaMag en août 2011 (numéro 291, page 18), consultable gratuitement et en libre-service (https://paramag.fr/lire/?num=291), dont une version expurgée des éléments factuels de l’époque est proposée ci-après.

Photo de Yves-Marie Guillaud en vol.

“Le phénomène boogie a connu son apogée durant les années 90 avant de décroître à partir des années 2000” (cf. ParaMag n°289 de juin 2011, rubrique “Déjà 20 ans”). Depuis une dizaine d’années, à partir de 2010 environ, ils sont de retour mais dans de plus petits formats. Méritent-ils tous la dénomination « Boogie » ?

Pour tenter de répondre à cette question, il faut préalablement chercher ce qu’est un boogie et en quoi il se différencie d’une grosse séance de sauts avec un avion de grande capacité et/ou des sauts encadrés.

Un boogie suppose la réunion d’éléments dont la liste n’est pas limitative. Éléments matériels : avion(s) de grande capacité (+ de 20 places), animateurs, coachs, sauts de qualité, exposants… Éléments immatériels : musique, soirées, free-beer le soir en liberté surveillée pour garantir la sécurité, fun… S’y agglomère tout ce que les participants y apportent. Le tout doit être avant tout festif car c’est l’esprit qui fait le boogie, et le différencie de la grosse séance de sauts.

Un boogie est un moment hors du quotidien et dans un lieu clos. C’est une pièce de théâtre avec sa triple règle : unité de temps, unité de lieu et unité d’action. Les participants en sont les acteurs. Les animateurs de sauts en sont les vedettes, les stars. La salle de pliage et les avions en sont le décor. Les soirées en sont l’entracte. Il arrive même que des spectateurs viennent applaudir.

Comme toute pièce de théâtre, le boogie a un metteur en scène et des techniciens derrière la scène, et même un comptable, le tout sous le contrôle du directeur du théâtre. C’est à eux qu’il faut s’intéresser pour comprendre la mécanique d’un boogie, l’arrière-scène, sans laquelle il n’y a ni acteurs, ni stars, ni décor, bref pas de pièce de théâtre donc pas de boogie.

Le metteur en scène est généralement celui qui a imaginé le scénario. Scénariste, à partir des éléments matériels dont il dispose, il va devoir imaginer le boogie et réaliser une alchimie grâce aux éléments immatériels qu’il intègre dans le scénario. Metteur en scène, il choisit les disciplines de groupe (VR, FF, WS) et les animateurs autour desquels s’organisera le boogie. Il définit le rôle de chacun pour assurer une logistique bien huilée.

Les techniciens ont la charge de toute la logistique. Préparer le site (tentes, barrières…), conduire la voiture de piste, nettoyer les toilettes, avitailler les avions, etc… La liste est longue. Les professionnels n’y suffisent souvent pas et les bénévoles sont bienvenus. Leur récompense est immatérielle : à l’indifférence souvent recueillie s’oppose leur sentiment d’avoir participé à une œuvre collective.

Le comptable est l’empêcheur de danser en rond. Il tempère les enthousiasmes coûteux. Il est garant de l’orthodoxie financière car si c’est l’esprit qui fait le boogie, celui-ci repose sur des éléments matériels bien réels qui ont un coût. Il faut donc en permanence calculer les engagements financiers, bâtir de scénarios de gestion, évaluer les risques financiers notamment en cas de météo exécrable….Le directeur de théâtre est responsable de tout et participe à l’organisation du premier au dernier jour. Si tout le monde est satisfait, on l’oublie et il ne doit pas espérer de remerciements. Sinon, c’est lui qui porte le chapeau et le fardeau. C’est à lui de rendre les arbitrages, de valider les choix, de forcer les portes, de prendre les risques. La tâche du dirigeant est de prendre et d’assumer les décisions difficiles.

L’expérience prouve que l’organisation d’un boogie requiert une énergie collective et un faisceau d’énergies individuelles considérables. Pour quel résultat ? L’évaluation du résultat dépend des objectifs poursuivis d’où l’obligation préalable d’une stricte définition des objectifs. Globalement, on peut en retenir deux.

Le premier objectif est subjectif : la satisfaction générale. Satisfaction des participants, bien sûr, mais aussi satisfaction des organisateurs. Pour les bénévoles, rendre service et participer à une œuvre collective demeurent des motifs de satisfaction, quoi qu’en disent les contempteurs du bénévolat. Pour les salariés, une prime peut être une juste reconnaissance de leur investissement personnel. Pour tous, un simple merci peut valoir tout l’or du monde. C’est peut-être là que réside le vrai secret d’un boogie réussi car c’est dans ce creuset que se forge l’esprit du boogie. L’organisateur heureux fait le participant heureux, et réciproquement.

Le second objectif semble parfois oublié dans le parachutisme contemporain : l’objectif de rentabilité. Se faire plaisir est bien, faire plaisir aux autres est mieux, mais pas en se ruinant. Règle de base : le boogie doit faire l’objet d’un compte d’exploitation prévisionnel qui lui est propre et doit viser l’équilibre financier. Seul aléa acceptable faute de pouvoir l’éradiquer : la météo. Un prévisionnel sérieux doit calculer le risque d’une météo exécrable pour voir si ses conséquences en sont acceptables.

Le reste est une question de choix, lesquels comprennent des critères étrangers au boogie stricto sensu. Par exemple : l’organisateur dispose-t-il d’une réserve de trésorerie pour éponger les pertes que provoquerait une météo catastrophique ? Et jusqu’à combien accepte-il d’engager la garantie d’une partie de sa trésorerie constituée à d’autres fins telles que l’entretien de l’avion par exemple ? Et puis faut-il faire payer des droits d’inscription ? Quel tarif de sauts ? Quel prix pour les sauts encadrés ? Quelle taxe pour les exposants ?Et pérenniser un boogie dans le temps est une gageure. Plus un évènement se reproduit à l’identique, moins l’esprit est là. C’est la surprise, l’inattendu, la nouveauté, la découverte, qui créent l’esprit. Le verbe anglais “to boogie” se traduit par danser, faire la fête. Cet esprit de fête qui caractérise le boogie est créé par une insaisissable alchimie dans l’œuvre commune, laquelle peut s’épuiser à se reproduire à l’identique. C’est sans doute pourquoi les boogies, comme les civilisations, sont mortels.

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