En octobre 2022, lors des championnats en Arizona où elle a été une nouvelle fois sacrée championne du monde en Voile Contact à 2, Alexandra Petitjean, évoquait « le plaisir de performer, de réussir, d’atteindre les objectifs que l’on s’est fixés ».
Mais entre tournoyer autour d’une barre de pole dance, pratiquer la contorsion et sauter de la porte d’un avion pour tournoyer autour de ses co-équipiers, c’est quoi le parallèle 🙂 ?

« J’ai toujours aimé les sports acrobatiques, la gym, pour ce qu’ils m’apportent mais, aussi, pour ce qu’ils apportent aux femmes en leur permettant de prendre conscience de leur corps,…. y compris quand elles sont persuadées de n’avoir aucune souplesse ni tonicité et réalisent pourtant des enchaînements qui leur semblaient impossibles. Après, il n’y a pas forcément de comparaison entre les 2 sports, sauf en ce qui concerne l’état d’esprit. Cela me change les idées par rapport à l’intensité de concentration et de travail que nécessite le parachutisme. Pratiquer m’aide à décompresser et à maintenir la force et la souplesse dont j’ai besoin dans notre sport aérien”.

Alors zoom arrière sur un parcours ponctué de progression, d’engagement et de médailles.
2011, début du parachutisme pour Alexandra, étudiante à Polytechnique (Île-de-France). A 21 ans, ce premier saut est une révélation. Les sensations, l’adrénaline, voler : tout plaît à la future ingénieure. Pendant la première année, elle enchaîne une centaine de sauts et s’essaie au Vol Relatif (VR). Bien que néo-pratiquant, elle ressent très vite l’envie de relever de nouveaux défis. Elle va donc s’orienter vers une nouvelle discipline : le Voile Contact (VC). « La discipline me paraissait assez méconnue et, surtout, c’était un vrai challenge pour moi. Quand on débute le parachutisme, une des règles à respecter est de ne pas s’approcher des autres voiles. Or là, il me fallait faire strictement l’inverse ! Ca me semblait être une véritable gageure au vu de la très grande difficulté technique. Cette discipline demande beaucoup de travail pour trouver les bons gestes, du gainage des bras et des cuisses, de la concentration, et une énorme confiance envers ses co-équipiers ! » se remémore Alexandra.
2011 marque sa première participation à des championnats de France. Talentueuse et déterminée, elle est sélectionnée, dès l’année suivante, dans le collectif « Espoir » des équipes de France de VC2 et VC4. En parallèle, elle continue de concourir avec son initiateur, Guillaume Dubois, avec qui elle fera équipe pendant plus de 11 ans.
Alexandra est bien décidée à mettre toutes les chances de son côté. En 2013, elle suit un stage pour intégrer l’équipe de France de Voile Contact. « Je n’ai pas été retenue en tant que titulaire dans l’équipe de VC4, mais en tant que remplaçante. Cela a été une grande déception pour moi, mais c’est le jeu lorsqu’on est sportif de haut-niveau » analyse-t-elle avec lucidité.
Mais une battante comme Alexandra n’allait pas se décourager dès le premier écueil !! En 2014, elle poursuit les entraînements et parfait sa technique. La parachutiste participe à plusieurs compétitions de VC2 et VC4, en tant que remplaçante. La même année, la capitaine de l’équipe de France, Magali Belgodère, se blesse ce qui remet en cause sa participation aux championnats du monde. « Je l’ai remplacée lors de plusieurs entrainements. Heureusement, quelques jours avant la compétition, elle était de nouveau apte à sauter. Par contre » insiste t’elle « cela m’a permis de beaucoup m’entraîner avec les équipes de France cette année-là ».Puis, en 2015, ils sont sélectionnés, avec Guillaume, en équipe de France de Voile Contact à 2, les conduisant à participer à différents championnats et rassemblements de collectifs français.

Quand arrive 2016, c’est un véritable tournant dans sa carrière sportive. Alexandra remplace à nouveau une co-équipière, malheureusement grièvement blessée, en équipe de France de Voile Contact à 4. Ce remplacement sera définitif. C’est un véritable tremplin qui va la conduire à pleinement se révéler dans ce monde du très haut niveau. Au cours des championnats du monde, les équipes qu’elle a fraîchement intégrées raflent deux médailles d’argent. « C’était une petite déception en Voile Contact à 4 car nous visions la première place, mais, en VC2, ça a été une véritable surprise ! » s’exclame-t-elle.
L’équipe de Voile Contact à 4 s’arrête en 2016, contrainte financièrement. Le collectif français s’adapte alors et se concentre sur le Voile Contact à 2. Alexandra et Guillaume sont propulsés en Équipe de France numéro 1, grâce à leur motivation et leurs efforts pour acquérir une technique irréprochable. L’expression « duo gagnant » ne pourrait pas trouver meilleure illustration ; trois médailles d’or mondiales vont s’enchaîner en 2018, 2021 et 2022.

11 années de partage, d’émotions sportives, de titres engrangés. Arrive alors un temps de renouveau, de projets challengeant. L’équipe décide se séparer, d’un commun accord. « Avec Guillaume, nous avions décidé d’arrêter la compétition, tous les deux, après les championnats du monde de 2022, pour » précise Alexandra « laisser la place aux autres équipes ! ». Et puis,…. la fin d’une histoire est toujours le début d’une nouvelle. Alors, difficile, quand on est une compétitrice dans l’âme, d’arrêter le haut niveau. Notre championne va rapidement intégrer l’équipe de France de Vol Relatif à 4 pour la saison 2023. Alexandra est très impatiente de s’entraîner afin de progresser. Elle est loin d’être novice dans cette discipline dont elle est restée très proche, durant ces dernières années, essentiellement en soufflerie. Selon elle, « le Voile Contact et le Vol Relatif sont deux disciplines vraiment différentes. Je dois réapprendre beaucoup d’automatismes ». Avec un atout majeur évidemment : sa préparation physique et mentale ainsi que ses multiples expériences en compétitions internationales l’amènent à se concentrer sur l’aspect purement technique de la pratique.

Alexandra est passionnée et sait « faire partie des chanceux » qui parviennent à inclure leur passion dans leur vie professionnelle. Ingénieure chez Safran, dans la section « Parachute et Protection », elle travaille sur la conception de parachutes militaires. Jusqu’au-boutiste, elle passe actuellement la qualification de parachutiste professionnelle nécessaire afin de réaliser, elle-même, ses essais. Soutenue par Safran dans son engagement sportif, son employeur aménage ses horaires et missions en fonction des besoins de la sportive de haut-niveau.

Dévouement, passion, envie. Alexandra porte la promesse d’une nouvelle épopée pour la Fédération Française de Parachutisme.

La prochaine échéance internationale ?
Le championnat d’Europe de Vol Relatif, qui aura lieu à Voss (Norvège), en août prochain.

Le palmarès d’Alexandra :
– 4 fois championne du Monde en Voile Contact
– 3 fois vice-championne du Monde en Voile Contact
– 2 fois vainqueure de la coupe du Monde en Voile Contact
– 2 fois championne d’Europe en Voile Contact
– 7 fois championne de France en Voile Contact
– Record du Monde de Voile Contact à 2 avec 56 points en 1 min (2017)
– Record d’Europe de Voile Contact à 4 Séquence avec 15 points en 2 min (2016)