Si le sport a de nombreuses vertus, dépasser ses limites, et ce quel que soit son handicap, en est une. Pas de différence, seuls le plaisir et la performance comptent. Depuis hier, l’Handifly Race se tient à la soufflerie indoor de Bouc-Bel-Air, qui offre des conditions idéales. Cet événement mondial initié par la fédération française de parachutisme regroupe 56 compétiteurs venus de Slovénie, République Tchèque, Macédoine, Lituanie, Canada, au total 24 nations représentées. Une équipe de 15 athlètes français est en lice pour décrocher ce titre mondial. Le premier vol d’essai hier matin a permis d’adapter le flux d’air à chaque sportif. Le souffle pouvant varier de 150 à 180 km/h selon le poids et la morphologie de la personne. Tous s’affrontaient dans deux parcours distincts. Les experts doivent toucher les quatre balises lumineuses dans l’ordre avec un ‘360’ imposé et en moins de temps possible. Pour les novices, des consignes plus allégées avec un ordre aléatoire des balises. Le décompte commence lorsque la première est enclenchée. Un coefficient est appliqué en fonction du handicap. Dans ce cylindre de six mètres de large, le plus important est de maîtriser son corps afin de garder l’équilibre.
Grâce à la chute libre, ces sportifs handicapés (re)trouvent une sensation de liberté et d’autonomie.
Ouvrir le parachutisme au plus grand nombre est une volonté de la fédération nationale. « Avec les souffleries, il y a de plus en plus d’outils. C’est le parachutisme des villes , confie Jérôme David, directeur de la compétition et directeur technique national adjoint de la fédération française de parachutisme. L’avantage est de ne pas subir les conditions météorologiques. On peut aussi démarrer plus tôt, 15 ans pour un saut en parachute, 5 ans en chute libre. Ça permet aussi l’émergence de ce type de compétition. Cette Handifly Race est la première de l’histoire ; elle est unique au monde . “
Une première mondiale réussie, après trois années de travail et d’organisation. Car au-delà du sport, l’objectif final est l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap. À l’instar de l’athlète Cyrille Chahboune, parachutiste dans l’armée de l’air, amputé après une explosion lors d’une mission il y a six ans. Souriant et volontaire, il intervient dans les écoles et en entreprises plusieurs fois dans l’année afin de sensibiliser au handicap et démontrer que tout est possible pour tout le monde. « Je suis un compétiteur dans l’âme ; ce que je fais, je le fais à fond. Ça me touche toujours beaucoup de rencontrer les gens. Quand je fais des interventions, je leur explique que la vie ne s’arrête pas là. Et le sport est un excellent levier pour le démontrer. Le sport c’est la vie. Prenez une personne de 70 ans sportive et une autre qui n’en a jamais fait, ce ne sont pas les mêmes, et que l’on soit valide ou handicapé, c’est pareil . « Pilote d’avion également, Cyrille est le premier parachutiste français avec une double amputation à sauter en solo, un combat mené jusqu’au bout pour sa passion. » Même si c’est encore difficile en France de leur démontrer qu’on peut encore le faire en solo malgré le handicap. Ils ont toujours peur des conséquences si jamais il y avait un problème, ils se couvrent un maximum et nous, on doit toujours batailler . “
Le podium du Top15 mondial sera connu ce soir à l’issue de la finale. Quant à la fédération, elle a déjà fait une demande d’inscription du « Handifly » aux jeux olympiques de 2028.